Après un mois de confinement généralisé pendant lequel seules les sorties indispensables, travail et santé, étaient autorisées, ainsi que les activités économiques essentielles, l‘Italie rêve d’un redémarrage progressif.
Les responsables ne cessent de mettre en garde la population contre un abandon trop rapide des mesures de précaution, redoutant une reprise plus forte de la pandémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 135.000 malades dont plus de 17.000 morts dans la péninsule, selon les chiffres officiels.
En dépit de résultats encourageants, comme « la réduction des arrivées aux urgences et dans les soins intensifs (…) nous sommes en pleine bataille », a mis en garde mardi le ministre de la Santé Roberto Speranza.
« La seule arme que nous avons, c’est la distanciation sociale, le respect des règles. Nous ne devons pas penser avoir remporté la bataille. La situation est et reste sérieuse, on ne peut pas la sous-estimer », a conclu le ministre.
Selon le principal quotidien italien, le Corriere della Sera, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a demandé mardi au Comité technique et scientifique, qui fournit conseils et options à l’exécutif dans la lutte contre l’épidémie, « d’élaborer un programme sur la phase 2 ».
« La protection de la santé reste la priorité mais les moteurs (les entreprises, ndlr) du pays ne peuvent pas rester éteints trop longtemps », a dit M. Conte lors de cette réunion avec le Comité, selon le Corriere.
École en septembre ?
« Le plan Conte pour repartir en deux étapes », titrait mercredi le quotidien La Stampa, propriété du groupe Fiat.
« Le gouvernement planifie le nouveau départ de l’Italie en deux étapes : après Pâques les entreprises devraient reprendre progressivement leurs activités tandis que le pays dans son ensemble pourrait rouvrir en mai », écrit le quotidien.
Concernant les entreprises en question, La Stampa prend comme exemple l’agriculture, un secteur essentiel qui ne s’est jamais arrêté.
« L’agriculture, pour aller de l’avant, a besoin de machines et de la possibilité de les réparer. Donc réouverture des usines de machines agricoles, et pour l’industrie alimentaire, mais aussi des activités de réparation et entretien », écrit le quotidien.
« Les échoppes artisanales pourraient aussi rouvrir et les petits magasins, à condition de pouvoir garantir le mètre de distanciation sociale », ajoute le journal.
Les médias estiment que cette réouverture progressive pourrait se faire selon le calendrier suivant : le 14 avril, après le lundi de Pâques, une partie des activités industrielles pourrait repartir.
La phase 2, avec la poursuite de la levée progressive mais plus large des restrictions, mais dans le respect de la distanciation sociale, pourrait en revanche débuter après le pont du 1er mai, plus exactement le lundi 4 mai.
« Discours différent pour les écoles : on ne parlera de leur réouverture vraisemblablement qu’en septembre », pense savoir le quotidien de gauche La Repubblica.
Le Corriere della Sera affirme la même chose, à savoir pas d’école avant septembre et l’examen de baccalauréat à passer en ligne.
Selon les syndicats, cités par le Corriere, 80.000 entreprises ont déjà repris leurs activités ou sont sur le point de reprendre grâce à un mécanisme assez simple : l’entreprise présente au préfet local une déclaration sur l’honneur affirmant qu’elle fait partie des activités essentielles et en l’absence d’une réponse négative dans un délai d’un mois elle peut reprendre ses activités.
Mais l’expert Walter Ricciardi, consultant du gouvernement italien et membre du Comité exécutif de l’Organisation mondiale de la sante (OMS) invite à la prudence.
« En ce qui me concerne, et les autres consultants du gouvernement le pensent aussi, il faut plus de temps » et les échéances du 14 avril et du 4 mai semblent prématurées, dit-il à La Stampa.
Interrogé sur l’éventuelle durée des mesures de distanciation sociale, il a simplement répondu « jusqu’à la fin de l’année ».
(crédit photo : © Filippo MONTEFORTE / AFP)